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Assurance / Mutuelle

Des mutuelles de plus en plus chères

Après la Pologne, la France est le pays d’Europe où l’on renonce le plus aux soins (33% cette année*). Près de quatre millions de Français ne possèdent pas de mutuelle ou de complémentaire santé, dans un marché où les offres sont légion… et les prix en hausse constante. Une tendance qui ne devrait pas s’inverser tout de suite.

A en croire les professionnels du secteur, mutuelles et complémentaires santé font partie de ces produits « incompris ». Pas simple, il est vrai, de savoir ce qu’est « une bonne mutuelle ». « C’est celle qui offre le meilleur rapport qualité/prix, affirme Julien Fillaud, directeur général du comparateur Mutuel Conseil. La meilleure n’est pas forcément la moins chère, mais la plus adaptée à ses besoins ». Difficile aussi de jauger de l’état de forme d’un marché quasi-saturé, où 93% des Français ont déjà souscrit un contrat d’assurance santé. Seule tendance clairement établie : « Les tarifs augmentent, affirme Stanislas Di Vittorio, fondateur du comparateur Assurland.com. Les Français consomment plus de soins de santé, les soins sont plus sophistiqués, coûtent donc plus cher et les gens vieillissent ».

Entre 2008 et 2012, le coût annuel moyen d’un contrat a augmenté de 120 euros, selon la Mutualité Française. Assurland rapportant même une hausse de 30% des prix en sept ans en raison, d’après les organismes de santé, de davantage de taxes sur le secteur. Lesquelles représentaient 5 euros par adhérent en 2001, contre 76 euros en 2012, selon les propos d’Etienne Caniard, président de la Mutualité Française, rapportés par le Figaro.

Pour l’heure, les prix oscillent entre trois et plusieurs centaines d’euros par mois, selon les organismes (mutuelles ou assureurs), les prestations choisies, l’âge de l’assuré et la composition du foyer. Sur le comparateur Le Lynx, où « le prix moyen est de 90 euros par mois pour les plus de 60 ans », la moitié des utilisateurs optent pour une formule revenant, en moyenne, à 400 euros par an (pour des besoins en remboursement n’excédant pas 150% pour les soins courants, 100% pour l’hospitalisation, 200% pour le dentaire et 100% pour l’optique). « Le tarif moyen, pour une couverture de base, se situe entre 20 et 30 euros par mois, précise t-on du coté du site. La fourchette haute se situe entre 150 et 200 euros ».

Baisse du panier moyen, moins de couverture

Selon une étude menée en août 2011 par le site lacomparateurassurance.com, le coût moyen d’une mutuelle santé pour une famille, en garanties classiques, revient à 99,85 euros par mois. Des montants qui, même en période de baisse du pouvoir d’achat, ne font pas fléchir la demande. « On ne ressent pas d’effet de crise, affirme Julien Fillaud, directeur général du comparateur Mutuel Conseil. L’assurance n’est pas un produit qui en souffre car dans ces périodes, on a au contraire plutôt tendance à se protéger ».

Seuls bémols, « une recrudescence des impayés chez les assureurs depuis 2008 et une très légère baisse du panier moyen ». Du coté d’Assurland, on observe plus distinctement l’évolution. « Les gens se tournent vers un niveau de garantie plus faible qu’il y a cinq ou dix ans, rapporte ainsi son fondateur. En général, ils ne rognent pas sur des postes en particulier, mais sur la couverture, en se dirigeant vers celles qui remboursent moins ».

Concernant les prestations, sans surprise, les soins dentaires (25% de renoncement aux soins l’an dernier) et l’optique (17%*) sont les plus souvent retirés des contrats. Pour les professionnels de l’assurance santé, les mutuelles ne sont pas trop chères. Elles sont simplement mal adaptées aux besoins des personnes. « Les gens, chez nous, cherchent du milieu de gamme, en privilégiant l’optique et le dentaire, ce qui n’est pas forcément une bonne chose selon la situation de chacun », insiste Julien Fillaud. A en croire les prévisions de la Mutualité Française, les tarifs devraient augmenter de 2.5% à 3% cette année.

Benjamin Hay

*Baromètre CSA pour Europe-Assistance, octobre 2013

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