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Bons plans / Codes promo

Soldes d’été 2013 : de bonnes affaires… moins longtemps

Dans quel contexte se sont ouverts ces soldes d’été 2013 ?

Dans la morosité pour les commerces physiques, qui ont connu un printemps catastrophique au niveau des ventes. Les commerçants se retrouvent donc aujourd’hui avec des stocks importants. Mais ils attendent toujours les soldes avec une impatience mêlée de pessimisme. Il faut noter aussi que les ventes à prix cassé se sont multipliées dès la mi-juin. Par exemple, les clients possédant des cartes de fidélité ont pu acheter à premier prix dans certains magasins bien avant le début des soldes. En conséquence, quand ceux-ci démarrent, le client lambda trouve moins de produits à disposition.

Mais les soldes continuent d’attirer du monde dans les magasins ?

Ça a commencé doucement le premier jour (mercredi 26 juin), mais ça s’est un peu mieux terminé avec le retour du soleil en fin de journée. Autrement oui, les soldes attirent toujours du monde. Seulement, la période où l’on peut espérer faire de très bonnes affaires s’est réduite. Avant, on pouvait en faire sur l’ensemble de la durée des soldes, notamment en fin de période. Aujourd’hui, on peut être sûr qu’une fois les dix premiers jours passés, le consommateur se dit qu’il n’y a plus rien, et qu’il vaut mieux attendre la prochaine collection. Le phénomène « soldes » n’est pas pour autant dépassé. On a toujours des consommateurs qui les attendent de pied ferme. Ils sont devenus plus exigeants pour les soldes officiels dans la mesure où ils peuvent dorénavant effectuer des achats à prix cassés par d’autres moyens.

Alors que le pays traverse une période difficile sur le plan économique, n’est-ce pas paradoxal de se plaindre d’avoir trop de réductions ?

Les commerçants, déjà, le déplorent car ils apprécient d’avoir de la visibilité pour pouvoir s’organiser. Il ne faut pas oublier que la plupart ne pourront pas toujours faire de grosses campagnes de publicité. Pourtant, le discours de certains est paradoxal. Ils disent que cela plombe leur activité, mais presque un sur deux pratique le système de ventes privées, avec l’argument d’être « obligés » d’en faire. Les clients quant à eux se plaignent moins, dans la mesure où ils ont toujours envie d’acheter à prix cassés.

Les soldes restent donc un besoin « vital » pour les commerçants ?

Oui, mais cette période d’été est un peu spéciale. Les six premiers mois de l’année ont été catastrophiques. Certains commerçants pensent déjà que même en vendant beaucoup, ils ne pourront pas rattraper les mauvais chiffres du début d’année. Malgré des rabais forts, jusqu’à 70%, la plupart d’entre eux ne feront pas assez de marge. L’habillement n’est plus la première dépense des ménages, qui sont contraints d’arbitrer au sein de leur budget. Depuis 2009, ce constat revient à chaque période. Le contexte actuel général est plutôt négatif pour l’activité, ce n’est pas nouveau.

N’y a t-il pas un risque pour le consommateur de ne plus connaître le juste prix des choses ?

Certains clients le disent. Ils ne savent plus quel est le juste prix d’un produit. Il y a des soldes au mois de novembre, au moins de mars, le client est un peu perdu. Les consommateurs sont désormais habitués à acheter à prix cassé toute l’année. La notion de « juste prix » pose principalement la question du trop-plein de périodes à prix cassés. Face à la multiplication des ventes privées, promotions etc., le client peut devenir blasé et donc méfiant. Il se demande de plus en plus souvent : « même si cet article est proposé en soldes, ne le trouverai-je pas moins cher encore ailleurs ? » Le risque est que « trop de soldes tuent les soldes », phrase que l’on entend de plus en plus souvent auprès des acteurs de la consommation.

Les soldes tels qu’ils existent aujourd’hui ont-ils encore un avenir ?

Le modèle des soldes « officiels » a évidemment un avenir, étant entendu que les consommateurs restent toujours attachés à ce dispositif, même si leur nombre tend à se réduire. La question peut tout de même être posée quant à un ajustement éventuel de la législation, notamment la suppression des soldes flottants, réclamée par une large majorité de commerçants, afin de dynamiser les soldes traditionnels.

Propos recueillis par Benjamin Hay