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Les applis santé ont la forme

Les applis santé ont la forme

L’e-santé a le vent en poupe : un Français sur deux a déjà utilisé Internet pour rechercher des informations ou pour échanger sur la santé. Ils sont aussi 28% à se servir de leur mobile ou de leur tablette, parmi les quelque 13 000 applications santé et bien-être francophones. Focus sur une « jungle » où tout ne se vaut pas.

L’histoire de l’application d’Alexandre Plé est partie d’un constat : « L’adolescence passée, on n’utilise plus le carnet de santé ». C’est ainsi qu’est née début 2012 Umanlife, « une version moderne » du carnet utilisée aujourd’hui par près de 12 000 personnes. Un tableau de bord qui permet entre autres fonctions de noter ses rendez-vous médicaux, de surveiller sa consommation de tabac ou d’alcool. Le tout en distillant quelques conseils sur les « bonnes pratiques » à suivre. Pour Alexandre Plé, l’objectif est simple : « Il s’agit de ne plus être passif vis à vis de sa santé et à terme d’aller mieux. On se prend en main pour anticiper certaines situations, même s’il n’y a pas de résultat instantané ». Pas question de s’opposer au médecin selon lui mais, au contraire, « de se positionner à ses cotés dans une démarche de responsabilisation de l’utilisateur ». Coté prix, chacune des dix applications proposées par Umanlife vaut entre 30 et 50 centimes par mois. Le pack contentant la totalité des fonctionnalités coûte lui trois euros. Un prix qui correspond au marché, où « 80% des applications ont un coût inférieur à cinq euros par mois. Le prix n’est d’ailleurs pas un gage de qualité », rapporte Guillaume Marchand, médecin-psychiatre et co-fondateur de DMD Santé, l’un des plus gros comparateurs d’applis santé.

7 millions de « mobilonautes de santé » en France

Sur la base de treize familles de critères, le site a testé quelque 800 applications mais n’en recommande « les yeux fermés »… qu’une petite trentaine. « Ce n’est pas que nos critères soient sévères, explique Guillaume Marchand, c’est que la santé est un sujet sérieux, et que beaucoup d’applications boguent. Pour un suivi de grossesse, par exemple, il n’y a rien de pire qu’un carnet avec des alertes erronées ». DMD Santé conseille ainsi de se fier à la bonne réputation, au bouche-à-oreille, mais aussi à celles des applications « qui sont personnalisées avant de vous donner des conseils ». Quoiqu’il en soit, ces applications santé « sont un bon outil, il faut juste qu’elles montent encore en qualité », ce qui devrait venir avec le temps et leur multiplication. Selon les acteurs du marché, la pratique de l’e-santé, elle, « entre dans les mœurs », bien aidée par le développement des smartphones. D’après les chiffres de DMD Santé, la France compte sept millions de « mobilonautes de santé ». Selon Guillaume Marchand, « sur 53% des gens qui vont chercher l’info santé sur le web, un quart ose en parler à leur médecin ». En moyenne, les « mobilonautes santé » téléchargent 2,3 applications. La marge de progression est donc bien réelle.

Benjamin Hay

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Quel impact sur le budget ?

Et si les applis santé étaient utilisées à des fins budgétaires ? « Ce serait mentir que de dire ça, conteste Alexandre Plé. A moyen ou long terme il n’y a pas de débat : oui il y a un impact sur le budget santé. Mais il ne faut pas non plus s’attacher à une notion de retour sur investissement. Et une situation aiguë nécessitera toujours un médecin ». Certains utilisateurs chercheraient tout de même à éviter le recours au médecin « notammant avant un voyage ou dans le cadre d’une pathologie chronique ». Pour le budget de la collectivité, en revanche, tout le monde s’accorde à y voir un intérêt pour les finances publiques. Selon une étude du cabinet PWC, les applis mobile « révéleraient une économie de 11,5 milliards d’euros en France d’ici 2017 ». La santé mobile permettrait même « de réduire de 70% les arrêts maladie liés à des maux chroniques ».

Publié Benjamin Hay le Mercredi, 20 Novembre, 2013 – 11:41

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