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Cuisine / Gastronomie

Du vin… en éprouvettes

De grands crus dans des capsules de verre de 4 à 10 cl, fermées par un bouchon en aluminium, l’idée avait de quoi heurter les puristes. « Au départ, ça semblait totalement fou, confirme Laurent de Crasto, créateur de Wine in Tube (WIT). Mais il y a un vrai décalage quand les gens voient le produit dans un coffret. Tout de suite, leur appréciation change ». Cet œnologue de formation, originaire de Bordeaux, a lancé il y a sept ans sa marque qui commercialise aujourd’hui sur sa boutique en ligne près de 100 références de vin et environ la moitié de spiritueux. Elle propose des lots de quinze tubes dans une fourchette de prix allant de 50 à 300 euros. Seul le Clos des Fées « La Petite Sibérie » millésime 2008 (Côtes du Roussillon Villages) dépasse largement la moyenne, à 700 euros les quinze flacons. « Un tube coûte cinq fois plus cher qu’une bouteille alors qu’il contient sept fois moins de volume, admet le fondateur de la société WIT France. Mais le flacon ne coûte que sept euros, quand la bouteille en coûte trente-cinq. Ça reste raisonnable s’agissant de déguster un grand vin. Et pour les garder accessibles, à part en réduire le volume, il n’y a pas trente-six solutions ».

Qualité égale

Laurent de Crasto sait bien que l’on parle là de « produits de luxe, qui s’adressent à des gens passionnés par le vin ou qui ont envie de s’y intéresser et qui n’ont pas forcément les moyens de se payer des grands crus ». Le succès est au rendez-vous, avec environ un million de tubes vendus chaque année, pour quelque deux millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013, en augmentation de 15%. Un peu plus de 40% des ventes de tubes se font à l’export (notamment États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni et Ecosse pour le whisky). L’Australie et la Nouvelle-Zélande sont ses prochaines cibles. Les pics de vente s’étalent d’avril jusqu’à Noël, où les coffrets-cadeau partent comme des petits pains. Les chiffres sont bons. Et le vin ? « Il n’y a pas de différence de qualité (avec un vin en bouteille, ndlr), défend l’inventeur de la capsule WIT. Une fois dans le verre, on ne peut plus déterminer s’il vient d’un tube ou d’une bouteille ». Le précieux liquide se conserve sans difficulté pendant trois ans. « Il n’y a de toute façon pas d’intérêt à l’acheter pour le garder », explique-t-on chez WIT.

L’équivalent d’un verre

Le marché reste une niche, avec une cible haut-de-gamme. Les capsules de vin certifiées WIT s’invitent souvent pour les événements d’entreprise et trouvent facilement leur place dans les minibars d’hôtels de standing. Même si la consommation mondiale de vin a légèrement fléchi l’an dernier, Wine in Tube poursuit son développement sans inquiétude. Il y a de la marge. « Le consommateur est relativement perdu dans le nombre de choix possibles, explique ainsi Laurent de Crasto. Depuis quinze ou vingt ans, le nombre de références et d’origines a été multiplié par quatre ou cinq ». Le concept se concentre en effet sur une clientèle plutôt occasionnelle, sans lui proposer les étiquettes les plus connues. « Les moments potentiels de consommation se sont réduits, car les gens ont souvent une vie active très remplie », poursuit M.De Crasto. Les petits volumes permettraient donc de consommer moins, mais -au moins- aussi souvent que souhaité. Ils sont aussi « une façon originale et ludique de découvrir un vin, en ne goûtant que l’équivalent d’un verre. S’il plaît, on va l’acheter par la suite en bouteille ou par caisse avec plus de sérénité ». Pour accéder à de grands millésimes ou s’initier aux plaisirs du vin, les tubes, leur créateur le conçoit, « qu’on les aime ou non, ne laissent pas indifférent ».

Benjamin Hay

©Capture d’écran witfrance.com

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